Prises de position

L’agriculture vécue par les agriculteurs aujourd’hui et depuis quelques années

Bonjour.

Aujourd’hui dans Prises de Positions, je tenais à parler et à expliquer la situation que vivent les agriculteurs aujourd’hui et depuis quelques années.

Ce qui m’a donné envie de traiter de ce sujet plus rapidement qu’un autre, ça été le discours d’un proche. D’après lui, « c’est bien la faute des agriculteurs si ils sont de cette situation ». Cela m’a sidérée, car il était évident que ce que je pensais depuis un moment était devenu réalité: informé par les médias de la TNT et les grands journaux, il s’était finalement laissé manipuler, et dorénavant il ne combattait plus avec les agriculteurs. Ce qui est arrivé à cette personne qui m’est proche, c’est ce qui arrive à beaucoup de gens et c’est ce pourquoi aujourd’hui le peuple est divisé.

Bon du coup je le dis: INFORMEZ-VOUS AUPRÈS DES MÉDIAS INDÉPENDANTS ! Oubliez les informations des chaînes de la TNT (surtout BFMTV et LCI), cherchez sur Internet des sources sûres et regardez ce qui se passe vraiment en France ! Il n’y a pas juste les gilets jaunes et les retraites… (Attention, ce paragraphe sera recopié plusieurs fois dans mes prochains articles. C’est en rabâchant qu’on fait rentrer les choses dans la tête !)

Pour faire cet article, j’ai pris beaucoup de notes d’un peu partout. Ce que j’ai trouvé très étrange, c’est que les articles qui sont de bonnes sources de confiance, ceux qui traitent de la situation des agriculteurs, ne sont pas très récents. 2018 tout au plus. Censure ou manipulation ? Paranoïa ou est-ce la triste vérité ?

J’ai également recueillis des témoignages d’agriculteurs d’avant mais aussi d’agriculteurs d’aujourd’hui. Petits et grandes exploitations, élevages ou cultures. Je vous préviens par avance que les prénoms ont été changés.

J’ai aussi trouvé des vidéos de médias indépendants qui elles aussi, recueillent des témoignages plus que poignants sur le terrain.

Ce que j’ai constaté au cours de mes recherches

Les terres des agriculteurs

On m’a dit: « Mais les agriculteurs sont riches ! Ils ont plein de terres qu’ils peuvent vendre. » Ok, mais qu’est-ce qui se cache derrière cette réalité ?

Dans le cas où les enfants/la famille reprennent l’exploitation, ceux qui partent ont une retraite de misère et ne s’enrichissent pas comme on le croit dès qu’ils sont vieux pour couler de vieux jours tranquilles. Imaginez, ils ont travaillé toute leur vie dans des conditions difficiles où les 35h n’existent pas, ils ont nourrit des personnes. Une existence très souvent sous le seuil de pauvreté. Dans le cas où effectivement ils vendent leurs terres: ENFIN ils peuvent vivre un peu plus décemment ! Pendant des années ils ont trimé et on trouve moyen de leur dire « maintenant que tu es à la retraite tu vis bien, ne te plains pas ». C’est vrai que 40 à 50 ans de travail pour beaucoup en souffrance, ces années s’effacent et tombent dans l’oubli une fois la retraite prise.

Je me suis renseignée sur le prix moyen d’un hectare, surtout dans le Puy de Dôme, le département où j’ai grandi et où j’habite encore. En 2018 il était de 4230€. L’étude met bien en avant qu’aujourd’hui, le prix des hectares d’élevages baisse tandis que celui des cultures augmente. Mais bon, pour ceux qui ont de toutes petites exploitations, vendre les terres ça ne fait pas énormément d’argent qui rentre.
Si ça ce n’est pas encourager l’élevage intensif, l’utilisation des pesticides et toutes les déviances liées à cette pratique, je me demande ce que c’est.

Source: https://www.terre-net.fr/actualite-agricole/economie-social/article/le-prix-des-terres-de-grandes-cultures-grimpe-celui-du-foncier-d-elevage-baisse-202-148286.html

Les causes qui amènent les agriculteurs à se reconvertir ou à se suicider

Le taux de suicide des agriculteurs est supérieur de 20 à 30% au taux de suicide dans les autres professions. Le suicide chez les agriculteurs est la deuxième cause de décès après le cancer.

Il faut dire qu’ils ont subit beaucoup de catastrophes et de difficultés ces dernières années et encore aujourd’hui: baisse du prix du lait, grippe aviaire, aléas climatiques (grêles, tempêtes, inondations, sécheresses et j’en passe), baisse des revenus, baisse des conditions de travail et de vie…

Agri’Écoute, qui est le numéro d’écoute mis à disposition par la MSA a déclaré que les appels en prévention du suicide ont doublés en 2016. Le nombre de passages à l’acte a été multiplié par 3. Les chiffres sont horribles: un agriculteur se suicide tous les deux jours en France. Le pire dans tout ça, c’est que les chiffres sont sans doute sous estimés !

Source: https://www.francebleu.fr/infos/societe/le-suicide-des-agriculteurs-en-chiffres-1517491824

Les revenus des agriculteurs: ceux de l’activité seule ne suffisent pas

Selon une moyenne, les agriculteurs gagnent environ 10 600€/an, ce qui équivaut à 883€/mois. Je rappelle que le taux du SMIC pour 35h/semaine est de 1 207.52 € net par mois. Hors, l’agriculteur double souvent les 35h/semaine…

Afin de gagner plus, plusieurs solutions (et heures supplémentaires) s’offrent à eux: autre activité professionnelle en +, diversification (gîtes, fermes pédagogiques…), pensions, retraites, rentes, prestations sociales. Ce sont des gens qui ne peuvent PAS vivre EXCLUSIVEMENT de leur métier principal.

Les élevages d’animaux sont les exploitations qui génèrent le moins de revenus: moins de 6800€/an.

Dans le Puy de Dôme, les revenus agricoles perçus par rapport à la moyenne de la région (Auvergne) sont supérieur de 100€. Les revenus des autres activités sont elles inférieures de 1900€.

Dans le Cantal, les chiffres sont différents et alarmants: les revenus agricoles sont inférieurs de 100€ et les autres revenus inférieurs de 8700€ !

De plus, la culture compense à peine la production animale.

Bien qu’il soit à noté que beaucoup d’agriculteurs se lancent aujourd’hui dans les GAEC/EARL afin de mieux vivre et d’augmenter leur chiffre d’affaire, 24% d’agriculteurs en Auvergne vivent sous le seuil de pauvreté contre 20% en France Province.

Sources: https://www.insee.fr/fr/statistiques/4308280https://www.smic-horaire.net/smic

Autres choses

Il est vrai qu’il y a longtemps, les agriculteurs ont choisi la MSA comme caisse d’assurance maladie. La MSA, elle gère pas trop, elle est nulle.

Cependant est-ce de la faute des agriculteurs d’aujourd’hui ? Il me semble que le choix de leurs aînés n’est pas le leur et qu’ils le subissent plutôt qu’ils le choisissent.

Le passage au BIO peut être une solution car elle valorise les produits. De plus, les marchandises bio sont de plus en plus recherchées car elles ont prouvées leur bienfaits et ne souffrent plus de l’image de l’écologie extrémiste (le BIO c’était un truc d’écolo baba cool et des nouveaux bobos parisiens). Mais le passage au BIO est long et demande beaucoup d’investissement financiers. Les agriculteurs s’endettent, encore.

Un petit aperçu des horaires parfois infâmes des agriculteurs pour ceux qui sont totalement ignorants:

La traite des vaches ou d’autres animaux à lait débute très tôt le matin: 4 à 5h du matin. La journée commence. La traite le soir est tard: en moyenne 19h. Mais la journée ne prend pas fin à 19h ou 19h30, car il faut ensuite stocker le lait, s’occuper encore des animaux, etc. Mais entre 4h et 22h, le fermier n’a pas pour autant fait de pause. La journée d’un fermier est toujours bien remplie ! Et pour ceux qui récoltent le foin ou les céréales ? Les conditions météos peuvent être un couteau sous le cou du fermier. Si la pluie s’annonce, ils sont obligés de vite récolter, avant que la pluie n’abîme tout le fruit de leur labeur. C’est pour cela que certains hères, voient, la nuit, les phares des tracteurs dans les champs.

Témoignages

Les grands parents d’Anthony

Les grands parents d’Anthony possédaient une exploitation de taille moyenne. Il ont aujourd’hui entre 65 et 69 ans et on peut dire qu’à leurs débuts l’agriculture n’était pas celle d’aujourd’hui: la modernisation arrivait, avec les nouvelles machines, les nouveaux tracteurs, et les fermiers gagnaient encore un peu bien leur vie.

Ils possédaient plusieurs hectares de champs et élevaient cochons, poules et canards.

Leur famille possédait les hectares depuis plus de 50 ans, et à cette époque là, les terres étaient beaucoup moins chères.

Quoi mettre en avant dès le début: les grands parents d’Anthony pouvaient vivre confortablement des ventes de leurs produits car ils les vendaient directement au consommateur sur les marchés. Grâce à cette stratégie, ils pouvaient leur produits un bon prix, mettant en avant leur qualité, et ils construisaient un réseaux de clients fidèles.

Afin de nourrir leurs animaux, ils récupéraient les céréales eux mêmes, bien sûr elles étaient garanties sans OGM.

Malheureusement, il leur a quand même fallu diversifier leur activité: ils ont créé une auberge, un restaurant, des chambres d’hôtes et un camping.

Aujourd’hui, en 2020, cela fait 4-5 ans qu’ils sont à la retraite. Bien sûr ils ont stoppé les champs et l’élevage. Mais ils continuent les autres activités.

Quand ils travaillaient, ils ne sont jamais partis en vacance, ils ne pouvaient pas. C’était la famille qui venaient chez eux, les voir. Aujourd’hui, ils peuvent enfin partir en vacances. Ils mettent de côté, quelques mois, puis il partent. Ce qui est important de préciser, c’est que pendant leurs vacances, l’hôtellerie est à l’arrêt.

La voisine dans le pays

Cette voisine est née en 1939. Elle est intarissable quand elle raconte les souvenirs de son enfance: l’hiver elle allait à l’école à ski, qui se situait dans le village à 5km. Les enfants se relayaient pour arriver plus tôt et allumer le feu dans la salle de classe. Dans sa maison, ils vivaient tous: les parents, les enfants. Ils n’avaient pas une grande exploitation: une douzaine de vaches pour le lait, quelques poules, quelques lapins. En plus de s’occuper des animaux, ils s’occupaient également des prés. Les vaches tiraient les « machines » (il n’y avait rien de mécanique, pas de moteur, pas d’essence), elle passaient plusieurs fois. Une fois pour couper, une fois pour ranger, une fois pour ramasser. C’était ça l’agriculture dans les années 40 et 50. Cette voisine, bien sûr, a commencé à aider sa famille au travail entre 13 et 15 ans.

En réalité, elle travaillé environ de ses 15 ans à ses 52 ans. Elle n’a jamais eu d’enfants.

Aujourd’hui, en 2020, elle a 80 ans. Son feu mari travaillait dans les transports. Ça a donc été 37 à 39 ans de dur labeur, sans vacances, où le travail était toujours plus conséquent (les membres de la famille décèdent, ou s’en vont), et toujours pénible. Arrondissons, 40 ans de travail et maintenant elle perçoit pension de retraite (du mari décédé) et une retraite de qui se situe entre 400 et 500€ par mois.

Julie, à la tête d’une petite exploitation dans le Cantal

Julie, 27 ans, est à la tête d’une exploitation dans le Cantal avec ses parents.

[Comme Julie tarde à me donner son témoignage (et oui, elle est très occupée, rien d’étonnant), je rajouterai son témoignage ici plus tard, ou bien je ferai un article plus tard dédié à son témoignage.]

La vidéo qui dénonce

Conclusion

Nous voici à la fin. J’espère que cet article aura ouvert les yeux de certains. Les agriculteurs sont bien les victimes du système. Je rappelle qu’aujourd’hui rien n’est fait pour valoriser les produits des agriculteurs français et qu’ils ne sont toujours pas payés plus chers (contrairement aux spots mensongers des grands groupes de grandes surfaces). On note aussi le traité de libre échange qui été signé ces dernières semaines avec le Canada, grâce à notre cher président Macron. Ainsi, de la viande et d’autres produits du Canada vont être importés en France et vendus. Cette manœuvre politique va encore pousser les agriculteurs français au bord du gouffre, car leur part du marché va encore baisser.

Il s’agit d’une réalité cinglante, qui est malheureusement la nôtre aujourd’hui.

Bonne journée.

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